Visite de la Syrie

Capitale du Moyen Orient

3 avril 2004

CAP À L'EST

Nous allons voir l'Euphrate! La route est parsemée de sites intéressants : Qasr ibn Warden (palais, forteresse et église du 6e siècle), les "Beehive Houses" (ingénieuses maisons en forme de ruches, fraîches en été et chaudes en hiver, encore habitées il y a cinquante ans et aujourd'hui boudées au profit de maisons modernes en parpaings froides en hiver et chaudes en été Ironie), Rasafa (ville fortifiée du 3e siècle) et enfin Qala'at Ja'abar, une imposante citadelle en brique sur une presqu'île du lac al-Assad. Pour voir ces sites il faut prendre un taxi ou bien galérer en bus avec des sacs toujours trop lourds! La chance est avec nous et nous pouvons partager les frais d'un taxi avec un sympathique couple hollandais. Leurs nombreuses expériences de routards nous permettent d'obtenir de précieux tuyaux sur l'Asie Respect. Après 250 Kms et pas mal de crapahutage dans les ruines, nous arrivons au lac al-Assad sur l'Euphrate. Omar, notre chauffeur, nous dépose dans une buvette isolée sur une rive paisible. Un petit paradis Roi.

Ce n'est pas exactement comme ils disent dans cette page: http://www.routard.com/guide/code_dest/syrie.htm Hadrien et Anna, nos compagnons de route, demandent si on (on = les femmes) peut se baigner comme prévu. "No problem répond Omar sans hésiter. Au bout de deux minutes, une voiture arrive avec une famille musulmane traditionaliste à son bord. Le chef de famille, manifestement à l'initiative de sa femme, hurle au scandale en voyant Marine et Anna se baigner en maillot de bain Colère. Tout le monde se rhabille au plus vite. Notre chauffeur se sent profondément humilié. Un groupe de trois hommes attablés a la buvette s'insurge aussi contre cet "idiot", ce "bad man" et nous invite à déjeuner et à boire du araq (pastis local) avec eux. Nous faisons tous profil bas au sujet de cet embarrassant événement. Rien n'y fait. Pour laver l'affront, nous sommes invités chez l'un de nos hôtes dans la ville voisine de Raqqa. Anna et Hadrien doivent rentrer à Hama et nous laissent sur place. On se demande où on va bien pouvoir tomber cette fois. Abdel Aziz à 60 ans, travaille pour la centrale électrique du barrage et est père de 6 enfants: 2 filles, 4 garçons dont deux se débrouillent plutôt bien en anglais. Leur appartement est très confortable : air conditionné, satellite, table avec chaises (une première, même si on mange par terre!), et lits avec sommier et matelas. L'accueil est comme le veut la tradition syrienne, respectueux des règles ancestrales édictées par les bédouins et tout le monde se met en quatre pour tout nous prodiguer et pour que nous ne fassions rien...

SHOPPING À HAMA

Le pantalon de Marine est maintenant fin comme du papier à cigarette et une branche des lunettes de soleil d'Eric s'est dévissée. Il est par conséquent indispensable de consacrer cette journée au shopping dans ces rues où fleurissent de prestigieuses enseignes Clin d'oeil. Après avoir longtemps hésité devant un jean arborant à la fois les marques Versace, Boss et Lacoste (si-si, en Syrie, c'est possible !), nous nous rabattons sur un modèle Benetton (bien vrai celui-là!) plus "passe-partout". Cette première étape accomplie, nous apportons les Ray-Ban dans un magasin vendant la marque Lunettes. Le vendeur regarde le problème et nous invite à revenir deux heures plus tard : "No problem, Easy, in two hours it will be ready!". Deux heures plus tard, les lunettes ont disparu avec le vendeur parlant anglais Ironie. Pour ce qui est des épices par contre, il y en a partout et de toutes sortes; certaines comme le cumin se retrouveront dans des produits comme celui-ci: https://www.amazon.com/Turmeric-Curcumin-Extract-Standardized-Curcuminoids/dp/B00HNVB3Y6.

On nous explique qu'une pièce manque et que nous pourrons les récupérer demain vers onze heures. Malheureusement nous avons déjà prévu de partir à huit heures. Après de longues négociations et force mimiques, les fameuses lunettes reviennent. Nous ne saurons jamais si elles avaient été égarées chez un boucher ou chez un garagiste Interloqué. Une chose est sûre, c'est que ce n'est plus un opticien qu'il nous faudra pour les réparer, mais un magicien ! Gros chagrin

BUSY-BUSY

C'est bien joli ces vacances mais on a du boulot. Voilà plus d'une semaine que nous n'avons rien écrit. Et si, pour une fois, on prenait le temps. Nous nous installons sur le toit de l'hôtel avec un thé. Des groupes de pigeons volent et nous offrent une savante chorégraphie entre les minarets au-dessus de la ville Large sourire. Nous nous étonnons et nous demandons si ces oiseaux n'ont pas développé un instinct grégaire à l'image des hommes de ce pays. Soudain nous réalisons que chaque groupe est en fait domestiqué, volant au rythme des ordres d'un maître qui, d'un toit, siffle et brandit des fanions Interloqué. Etonnant spectacle.

LE HAMMAM

On ne peut pas dire que notre hôtel soit le meilleur endroit pour se reposer. Nous sommes donc sur le pied de guerre pour visiter Alep de bon matin. Dans le quartier du souq et de la citadelle nous trouvons un très ancien hammam où nous réservons en fin de journée d'abord pour les garçons puis pour les filles. Nous devons tous être un peu fatigués car enjamber les étales de pistages fraîches et le bruit des klaxons commencent à nous éprouver. Nous cherchons refuge dans le quartier chrétien, et nous installons dans la chapelle d'un couvent grec catholique. Ouf... L'expérience marquante de la journée reste le hammam. Nous y arrivons sur les rotules et sommes "pris en main". D'abords enroulés dans un pagne, les garçons puis les filles avons été conduits jusqu'au sauna par une enfilade de pièces couvertes de marbre et ornées de fontaines. Une fois parfaitement amorphes, des armoires à glace nous ont empoignés par le pagne, étalés sur le marbre, frottés de la tête aux pieds, retournés comme des crêpes, re-frottés, malaxés, puis aspergés d'eau bouillante. Complètement groguis et emmaillotés dans des serviettes, nous rejoignons les uns après les autres le salon de détente. Nous y apprécions sereinement un thé et un narguilé mais surtout la sensation de réelle propreté depuis longtemps oubliée. Large sourire

SAINT-SIMÉON

Nous traînons toute la matinée sur la terrasse de l'hôtel dans l'attente d'une hypothétique chambre où prendre une douche. Le manager nous explique qu'elles ne sont pas encore libérées puis qu'il faut les nettoyer puis encore réparer tout ce qui y est cassé... A treize heures nous obtenons une chambre sans draps et dont la salle de douche fuit de tous côtés et la chasse d'eau ne fonctionne pas. Hum ! Mur Assez perdu de temps, nous filons tous les quatre visiter Saint-Siméon.

Un chauffeur de taxi nous y conduit, marquant une première halte dans l'une des "villes mortes": construites au 6e siècle sur une route, elles ont été mystérieusement désertées, peut-être quand la route caravanière a changé ? Elles sont généralement en très bon état et parfois maintenant réinvesties par des familles kurdes. Nous arrivons ensuite au monastère Saint-Siméon, construit autour du pilier sur lequel, au 4e siècle, Siméon, un fils de berger a passé plus de quarante ans de sa vie ! Respect Ce site est merveilleux et remarquablement conservé. La lumière a beaucoup changé depuis notre départ. Elle est maintenant beaucoup plus douce, même en milieu de journée. Avec un environnement très rocailleux et vallonné, on pourrait presque se croire en Ecosse. Sur le chemin du retour, nous visitons une série de tombes romaines dont on distingue encore les motifs sculptés et servant d'aire de jeux à des enfants. Notre chauffeur nous racontera sa vie, ses études d'anglais, sa carrière dans le tourisme et sa conscience d'être devenu différent des autres familles traditionnelles musulmanes et de ne plus pouvoir se marier. Surpris

PALMYRE

6 heures, Hama s'éveille. C'est parti, nos amis polonais nous ont convaincu de les accompagner à Palmyre pour la journée. Il faut dire que la ville de la reine Zénobie est censée être le site le plus impressionnant de Syrie. Etrange arrivée au bord d'une route devant un hôtel dont les sbires nous attendent Diable souriant. Vite fuyons !

Nous choisissons plutôt de prendre notre petit déjeuner dans un boui-boui infâme mais loin de l'hôtel en question. Peine perdue, l'addition est des plus salées : touriste quand je te tiens... Diable souriant On se réfugie à l'office de tourisme. Le préposé et sa troupe nous déconseillent tout ce qui est payant sur le site (comme le musée par exemple) sauf à passer par ses services, moyennant des sommes astronomiques, plus de vingt fois au dessus de la moyenne ! Diable souriant Courage fuyons ! Si la visite de Palmyre est libre, l'entrée du principal temple est payante. Notre Lonely Planet prévient qu'il reste peu de chose de ce bâtiment mais Kuba et Kasia décident de le visiter. Il faut dire qu'ils sont étudiants et que les entrées leur coûtent un dixième du prix. Oh surprise ! Le cerbère de service leur refuse la réduction Diable souriant. Tout le monde s'en mêle. Sous nos yeux hallucinés Interloqué, la TV syrienne débarque : "Que se passe-t-il ?" Nous leur expliquons. Un coup de fil au directeur et nos amis ont leur réduction. Quant à nous, nous rentrons gratuitement, invités par l'équipe de journalistes qui fait un reportage sur le tourisme en Syrie. "Que pensez-vous de la Syrie et des Syriens ?" Marine fulmine Canon. Devant la gentillesse de nos interlocuteurs, nous nous détendons, nous rappelant les merveilleux moments passés à Damas. Apparemment nous avons fait bonne figure... Nous profitons enfin de ce site superbe et le sillonnons par nos propres moyens mais quand même, quel gâchis de mettre ces personnes peu agréables comme premier contact avec les touristes. Comme partout direz-vous mais à Palmyre, le manque de touristes les a rendus particulièrement agressifs.